Le libre accès a accompli en un peu plus de deux décennies des progrès et des avancées qui n'auraient pas été imaginables n'était ce l'extraordinaire développement du véhicule qui en sous tend l'existence même : Internet .En effet, au-delà des différentes avancées et percées que le libre accès a franchit, il n'aurait été possible sans la présence et les fonctionnalités du réseau des réseaux. D'une utilisation militaire dans les années 60, il est devenu dans les années 90 et sa privatisation une manière de libérer l'information des conditions iniques imposées par des éditeurs dont la position oligopole menaçait l'avenir de la publication scientifique. Cette politique avait précipité la fameuse crise des prix des périodiques (Serial price crisis) qui avait sérieusement grevé les budgets des bibliothèques et rendu même les bibliothèques des plus prestigieuses universités (à l'image de la bibliothèque de Harvard en 2012) incapables de répondre aux besoins de leur utilisateurs. Un nombre de chercheurs militants avait alors lancé le mouvement du libre accès qui avait coïncidé, en termes de timing, avec l'avènement et la progression exponentielle des fonctionnalités d'Internet. Ce fut alors le premier des appels connus sous l'appellation des 3 B. Budapest fut en 2002 le premier de ces rassemblements, il mit les fondements du libre accès en y définissant certains concepts jusque là non clairement définis (auto archivage et revue alternatives en libre accès entre autres).En 2003, la Déclaration de Bethesda réunit les protagonistes de la communauté biomédicale et poussa un peu plus loin les définitions et fonda quatre sections qui devaient chacune travailler sur un point et une catégorie d'acteurs du libre accès. Enfin en 2003, La Déclaration de Berlin sur le libre accès à la connaissance en sciences exactes, sciences de la vie, sciences humaines et sociales vint clôturer ces premiers et fondateurs appels qui ont fait le libre accès .L'Appel de Berlin est devenu depuis une réunion annuelle des différents protagonistes du libre accès. Il a fêté en 2013 son dixième anniversaire en tenant sa réunion à Berlin. Ces appels fondateurs (suivis depuis par d'autres appels, réunions et chartes) ont jeté les bases d'un mouvement qui s'est imposé comme incontournable dans le landernau de la publication scientifique au 21e siècle.
Si le libre accès s'est imposé dans les pays développés comme une alternative aux schémas traditionnels de publication, c'est encore loin d'être le cas dans les pays en développement. En effet, malgré l'avantage qu'auraient les pays en développement à profiter des fonctionnalités du libre accès à l'information scientifique et technique, ils restent dans leur globalité en retard dans les projets et les moyens inhérents à l'application de ces projets. En premier lieu Internet (vecteur incontournable du libre accès) où le taux de pénétration est très faible en comparaison avec les pays développés. Ainsi l'Afrique et l'Asie qui représentent plus de la moitié de la population mondiale (51.8%) ont une moyenne de taux de pénétration de 21.55% (15.6 % pour l'Afrique et 27.5 % pour l'Asie) bien en deçà de la moyenne mondiale de 34.3% (Internetworldstats).Si le taux de pénétration (nombre de connectés par rapport à la population) , symbole de la réussite d'Internet, ne peut être considéré d'acceptable ( surtout comparé aux statistiques des autres régions ) , un autre critère tout aussi important ne présente pas lui aussi des chiffres encourageants. Toutes les études et statistiques consultées démontrent la faiblesse de la bande passante de ces pays. Ainsi, et à titre d'exemple, TeleGeography (société de consulting et de recherche sur les télécommunications) a calculé que la demande africaine de bande passante devrait atteindre 17,2 Terabits par seconde (Tbps) en 2019, ce qui équivaut à un quart de la demande projetée de l'Amérique latine, et est inférieur à celle dont dispose déjà le Canada (plus de 20 Tbps ).Il faut remarquer que la croissance dans ces pays est exponentielle et tend à rattraper celle des pays développés mais cela est, globalement, dû à un effet de rattrapage dans un medium premièrement lancé en Occident et qui se généralise aux autres contrées du monde.
L'Algérie faisant partie des pays en développement, il nous a paru intéressant de voir quelles sont les actions, les politiques, les moyens inhérents à cette situation. A l'instar de ces pays, l'Algerie se trouve confrontée à des dysfonctionnements chroniques nullement en accord avec sa situation et même ne reflétant pas les potentialités aussi bien humaines que matérielles dont elle se prévaut. En effet, un pays dont la santé financière est citée et même donnée en exemple par les institutions monétaires internationales se trouve confronté à des retards et des statistiques facilement améliorable. L'examen des deux critères précédemment cités (taux de pénétration d'Internet et bande passante aussi bien ascendante que descendante) place l'Algérie en 20e position sur les 58 pays recensés en Afrique en termes de taux de pénétration (Internetworldstats) et sa situation en ce qui concerne la bande passante n'est nullement meilleure. Ainsi, elle se classe 182e sur 190 pays pour la bande passante montante et 181e sur 190 pays en bande passante descendante au niveau mondial (Netindex).
A la lumière de ces chiffres (et d'autres données statistiques aussi bien locales qu'internationales), notre recherche se propose d'investiguer la situation du libre accès en Algerie, des réalisations ainsi que les projets d'avenir .Nous nous appuierons dans notre recherche sur les différents sites recensant les ressources en libre accès et les différents programmes aussi bien nationaux qu'internationaux. Cette étude se fera par l'analyse de la présence, la participation et la contribution de projets algériens dans les sites majeurs de libre accès (DOAJ, AJOL, ROAR, DOAR etc....) dans le but de voir est ce que l'Algerie aborde avec toutes les potentialités aussi bien matérielles qu'humaines dont elle se targue, le virage du libre accès dans les conditions les meilleures. La question centrale à laquelle on essayera de répondre est la suivante : le libre accès étant relativement récent et, de notre point de vue, beaucoup plus une opportunité pour les pays en voie de développement de sortir du manque ou faiblesse d'accès à l'information, l'Algerie y joue t elle un rôle et, plus important, est ce qu'elle a mis tous moyens afin de réussir cette mutation si importante en ce début de millénaire ?
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